Argument

« L’Intime, le Privé, le Public, une clinique du Lien et de l’Effraction… »

       "Il faut penser l’intime, le privé, le public comme des territoires, comme des contenants
."
Entre ces territoires, il existe des frontières qui délimitent, enveloppent et protègent nos espaces psychiques individuels et groupaux, notre corps, notre identité, notre intériorité,  notre extériorité.
Dans la société contemporaine en transformation mondialisée et numérisée, ces frontières sont souvent effractées, débordées... Un mail qui arrive tard le soir au domicile nous replonge, notre intime et notre privé conjugal et familial dans le harcèlement au travail. Une vie privée qui s’affiche dans un magazine. Des images intimes du corps qui se retrouvent exposées  sur internet, à la vue de tous. Le cambriolage impudique du corps de l’enfant.
Voire la violence sexuelle pédophile, dans les institutions, qui sont censées le protéger. Les dégâts causés en particulier chez des adolescents et des adolescentes par le développement des sextapes visionnant sur des téléphones portables des détournements de séquences sexuelles  témoignent du viol de l’intime.  La destruction humiliante de l’autre dans les violences conjugales, ou par des rumeurs et des post-vérités calomnieuses. Les victimes d’une perversion narcissique, de manipulations d’emprise sectaire, d’ idéologisme radical, de situations d’exil et de parcours migratoires chaotiques…  Mais il y a aussi parfois le paradoxe d’une souffrance psychique qui tente de s’élaborer par la répétition d’une auto- exposition aux dangers voire par la jouissance perverse à s’exhiber, à  s’ex /timiser jusqu’à offrir en spectacle la scène de son suicide en direct en vidéo. Comment panser ces traumas qui font intrusion/extrusion et collent à la peau? 
Toutes ces « effractions » des frontières
de l’intime, du privé, le public sont dé-structurantes des limites et de l’intégrité
du Moi. Elles caractérisent des situations d’intrusion incesteuse ou plus sournoisement incestuelle. Elles attaquent et débordent  les capacités défensives de protection identitaire et de métabolisation psychique par le
des-étayage de la fonction contenante psychique et psychosomatique. Elles ont de graves conséquences psychiques, physiques et sociales.
Elles interpellent fondamentalement la construction généalogique et intersubjective des limites du Moi  et du Non/Moi, du Nous et du Eux . Comment se co-construit l’appareil psychique de l’enfant dès la périnatalité avec la transmission du roman  familial ? Qu’en est-il de la fonction de tiercéité, de la place du tiers père - du couple parental, de l’autre fraternel, comme imagos structurants la séparation et l’individuation. Qu’en est-il des  métagarants protecteurs
de la contenance
psychique individuelle
et groupale ?
Ces symptômes d’intrusion : extrusion, les enseignants, éducateurs, thérapeutes, médecins, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux, mais aussi tous, parents ou citoyens y sont confrontés.  Comment prendre sens et s’inscrire dans un néo-récit remaillant le corps psychique individuel
et groupal effracté, diffracté ? Qu’en est-il
du positionnement de la loi et de la référence essentielle aux droits humains alors que
la dignité de l’humain est attaquée?


Nous envisagerons un questionnement éthique et pragmatique sur le cadre et
les modalités de prévention et du soin des liens en souffrance. Cela suppose un respect
de l’écoute de la demande et la garance d’une protection. N’est-ce pas l’enjeu
d’une position de responsabilité que de nous confronter à la légitimité paradoxale du droit d’ingérence et à celle du droit d’intervention lorsque les contenants de l’intime, du privé, et du public sont en danger ? »
 
Dr
Pierre Benghozi     Responsable scientifique

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